Deux tribunes récentes ont développé des diatribes virulentes contre les énergies renouvelables en général et contre le photovoltaïque en particulier, provoquant de nombreuses réactions dans le monde des énergies renouvelables (EnR).
C’est d’abord dans Le Point qu’une dizaine d’anciens dirigeants, menés par Henri Proglio, mène une charge au vitriol contre toutes les énergies renouvelables, accusées de tous les maux de la Terre. Militant en creux pour une solution essentiellement nucléaire, le propos est tellement outrancier et déconnecté de la réalité qu’il affaiblit de lui-même sa crédibilité.
Plus troublante est la tribune publiée dans Libération par des acteurs (scientifiques, politiques, médias…) reconnus de la lutte contre le dérèglement climatique. Au nom de la défense de la biodiversité, ils demandent ni plus ni moins que l’arrêt du développement du photovoltaïque en dehors des toitures et ombrières. Dans des termes tout aussi violents, et sans véritable nuance, c’est finalement le photovoltaïque dans son ensemble qui se voit accusé de détruire la biodiversité. Comme si le dérèglement climatique d’abord, et de nombreuses activités humaines n’en étaient pas les causes premières. Comme si la grande majorité des acteurs du photovoltaïque ne mettaient pas systématiquement en avant la priorité absolue à la sobriété, à la réduction des consommations et à la défense tous azimuts de la biodiversité.
Sans entrer ici dans les batailles d’arguments –d’autres l’ont très bien fait, comme dans la réponse des associations NegaWatt, CLER et EnR pour tous…, celle du Syndicat des énergies renouvelables (SER) ou l’article d’Alternatives économiques– il convient de s’interroger sur la multiplication continue des attaques dont font l’objet les énergies renouvelables. Ce qui n’était qu’une petite musique il y a quelques années est en train de devenir une véritable cacophonie.
Alors que tous les scenarios de prospective énergétique préconisent leur développement massif, pour limiter le dérèglement climatique, la contestation des EnR se développe à vitesse grand V, avec des impacts de plus en plus visibles, dans l’opinion et dans les décisions politiques. Au niveau national, où les coupes budgétaires viennent tarir le soutien des collectivités, où le cadrage stratégique (Programmation pluriannuelle de l’énergie, Stratégie nationale Bas carbone…) fait l’objet de tergiversations et de retards à répétition, alors que la France est déjà la dernière en Europe pour l’atteinte de ses objectifs de développement des EnR. Et au niveau européen, c’est le Pacte vert (Green deal) lui-même qui est de plus en plus attaqué et commence à être détricoté. Comme si l’urgence climatique n’était pas chaque jour plus criante !
On demande aux énergies renouvelables d’être 100 % vertueuses, sans aucun impact. Alors qu’on s’accommode très bien des dizaines de millions de voitures qui roulent au pétrole, des logements chauffés au gaz ou au fuel, et plus largement de notre modèle d’hyperconsommation, particulièrement énergivore. Oui, comme toute activité humaine, les EnR ont un impact sur l’environnement, mais il faut le relativiser : il est infiniment moins important que celui des énergies fossiles. Il nous faut évidemment accepter un impact, mineur (1), pour limiter autant que possible les émissions de gaz à effet de serre.
Alors, ne nous trompons pas de combat. Cessons d’opposer développement des EnR et préservation de la biodiversité. Car enfin, quels sont les principaux acteurs de la destruction de la biodiversité ? Ce sont d’abord l’agriculture industrielle, avec ses millions de tonnes de pesticides, la bétonisation continue des espaces naturels, les multiples pollutions industrielles qu’engendre notre mode de consommation, la surexploitation des ressources… Les EnR arrivent très très loin derrière ! Battons-nous d’abord contre les causes principales, pas contre les plus accessoires. Surtout quand elles sont une des rares sources d’espoir dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Oui, les énergies renouvelables font partie de la solution, même si elles ne sont pas parfaites, comme certains semblent vouloir l’exiger. Oui, avec un minimum de précautions, elles peuvent limiter leur impact sur l’environnement et la biodiversité, qui reste dans tous les cas de figure infiniment moindre que celui de la plupart des activités humaines. Oui, elles peuvent être désirables, surtout quand elles offrent la possibilité de se réapproprier la question énergétique, ce que propose le mouvement de l’énergie citoyenne.
Aux quatre coins de l’Europe, de la France et dans notre région francilienne, des collectifs invitent leurs concitoyens à se bouger, à participer concrètement au combat pour le climat, là où ils vivent. A son niveau, c’est ce que propose Enercitif, avec la ferme intention d’accélérer le rythme en 2025 et de proposer à des centaines de personnes de rejoindre l’aventure.
En souhaitant à chacune et chacun de très belles fêtes !