Parrainage de Jean Jouzel

Le dérèglement climatique est là : le niveau des océans a monté de 20 cm depuis 1900, la Bretagne s’est réchauffée de 1,5° C depuis le milieu du XXème siècle, les canicules provoquent des milliers de morts et des incendies dévastateurs… Et si l’on n’agit pas maintenant, la planète se réchauffera en moyenne de 4 à 5°C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. La limite à ne pas dépasser, c’est + 2°C. Si on respecte les accords de Paris, on sera entre +3 et +3,5°C. Or il faut bien comprendre qu’un degré de plus nous fera basculer dans un autre climat. Nos enfants d’aujourd’hui pourraient connaître, l’été, des températures record voisines de 50° !

Depuis 1990, le GIEC alerte et confirme, de rapport en rapport, l’urgence à agir pour renverser la tendance et réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Les solutions sont connues : arrêter urgemment de brûler des énergies fossiles et investir massivement dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables. Mais c’est maintenant qu’il faut agir : pour espérer rester en deçà de 2°C, il faudrait que le pic d’émission de gaz à effet de serre survienne au plus tard en 2020. Dans deux ans !

C’est en fait un véritable changement de mode développement que nous devons mettre en œuvre, et cela me semble un projet particulièrement enthousiasmant : inventer un monde où l’on fait mieux avec moins, tout aussi désirable. Et c’est à tous les niveaux que l’on doit agir : gouvernements et organisations internationales, mais aussi la société civile, les entreprises, les collectivités et, peut-être d’abord, les citoyens. Ici et maintenant, nous avons tous le pouvoir de prendre part à ce changement.

Pour côtoyer la neutralité carbone en France en 2050, c’est maintenant qu’il faut passer la vitesse supérieure et je suis convaincu que la participation active des citoyens est un levier majeur pour y arriver. On le voit en Allemagne, par exemple, où la moitié des capacités de production de renouvelables sont entre leurs mains. Ce mouvement de l’énergie citoyenne se répand en France, avec la multiplication des coopératives solaires, éoliennes…

Je me réjouis de le voir se développer à Paris, avec EnerCit’IF qui porte le projet de la première coopérative citoyenne parisienne d’énergie renouvelable, ouverte à tous ceux qui veulent devenir acteurs de la transition énergétique. Voilà une action concrète, à la portée de tous : en prenant des parts dans cette coopérative, chacun peut devenir co-producteur d’énergie renouvelable sur son propre territoire, en donnant plus de sens à son épargne. Et à partir de là, se questionner sur son rapport à l’énergie, ses choix de consommation, la façon dont il peut contribuer à lutter contre le réchauffement climatique.

Parce que l’urgence climatique est là, parce que le changement est entre nos mains, je soutiens le projet d’EnerCit’IF et invite les parisiens à rejoindre cette belle aventure collective.

Jean Jouzel est climatologue et Directeur de Recherche Émérite au CEA et membre de l’Académie des Sciences.